La Bretagne possède près des trois quarts des moulins à marée du littoral français. Il s'agit de la seconde concentration mondiale à une échelle régionale derrière l'état du Maine aux Etats-Unis. Assis à la fois sur la mer et sur la terre, les moulins à marée ne sont plus aujourd’hui que les témoins d’un passé disparu. Implantés dans des régions à forte amplitude de marée et de faible dénivellation de la côte, la Bretagne multiplie les sites propices à leur établissement.
Précurseurs de la marée motricité, les moulins à marée sont assujettis à la mer. L’activité du meunier était de fait entièrement rythmée par la marée. Les périodes de travail avaient lieu aussi bien le jour que la nuit, tout en étant cadencées par la périodicité des coefficients de marée. Apparus dans le Golfe du Morbihan dès le XIIème , ils cesseront de tourner dans les années 30. Un dernier sursaut occasionné par la guerre prolongera leur activité pour une dizaine d’années.
Les moulins à marée se répandent au Moyen Âge sur tout le littoral européen susceptible de les accueillir : en Écosse, au Pays de Galles, en Angleterre, aux Pays-Bas et en Belgique, en France (notamment sur l'estuaire de la Rance), en Espagne et au Portugal. Au XVIIIème siècle, Londres compte 76 moulins à marée, dont deux sur le pont de Londres. À une époque, 750 moulins à marée fonctionnent sur les côtes atlantiques, dont environ 300 aux États-Unis, 200 au Royaume-Uni et 100 en France.
Nous aurons l’occasion de les voir tous en suivant le chemin des douaniers sauf deux moulins situés sur des îles et ceux qui sont trop enfoncés dans une ria comme le moulin du Prat à la Vicomté sur l’estuaire de la Rance alors qu’un pont a été construit (en l’occurrence l’usine marémotrice de la Rance). Nois aurons l’occasion de visiter le moulin à marée du Hénan (XVème siècle). Il fonctionnait grâce au flux et reflux de la rivière Aven soumise aux marées et constitue un monument historique de toute beauté. A quelques dizaines de mètres se trouve la maison du meunier. On y accédait par un escalier extérieur, le sous sol étant réservé au silo à blé.
Nombre de moulins ont été détruits ou ont perdu leur mécanisme et sont devenus des résidences privées. Ainsi, le moulin à marée de Traou-Meur, niché dans son site remarquable des bords du Trieux. Le moulin a été en activité jusqu'en novembre 1961. Il avait été construit par le seigneur trégorrois de Kerguézec en 1600, il a donc vécu plus de trois siècles et demi de travail jusqu'au dernier meunier, Yves-Marie Kerleau. Les céréales étaient amenées au moulin en empruntant le chemin souvent inondé par la marée. Si les meuniers du littoral avaient une activité cyclique c’était moins le cas de leurs collègues qui exploitaient des moulins à vent qui comme les éoliennes d’aujourd’hui sont à l’arrêt s’il n’y a pas assez de vent ou quand il y en a trop. La sagesse populaire le rappelle dans la chanson pour enfants : « Meunier, tu dors ! ».
Souvent le métier principal devait être complétée d’autres activités annexes pour gagner correctement sa vie. C’était souvent le cas des barbiers qui profitait de leur clientèle pour les soigner de douleurs rebelles en faisant le rebouteux.
Certains étaient encore appelés perruquier, conservant le nom de l’ancienne activité presque disparue. Il fait la barbe, taille les cheveux, coiffe au goût du jour et sait fabriquer des postiches sur tulle, imitant à perfection la nature. De l'art des perruquiers il ne restait que les postiches et les fausses nattes à l'usage des dames.
Les perruquiers en vieux ne rasaient point : ils n'étaient pas barbiers ; au lieu de bassins, ils avaient pour enseigne un marmot, espèce de vieille tête de bois avec une très-vieille perruque. Ils pouvaient. faire du neuf, mais à condition de mêler du crin aux vrais cheveux et de mettre au fond de la coiffe cette inscription : perruque mêlée. C'étaient les perruquiers des pauvres gens.
Le métier de bergers ou de bergères existe toujours mais le nombre de pâtres s’est réduit comme peau de chagrin.
Le mouton des landes de Bretagne a résisté au temps. Il a failli disparaître mais en ayant retrouvé une cinquantaine de têtes en 1985, une association s’est chargée de développer la race du mouton breton. Il est réputé pour son adaptation au pâturage des espaces naturels tels que les landes et les marais. Ajouté à sa rusticité, ce caractère en fait une race de choix pour les gestionnaires d'espaces naturels. Sa robe est le plus souvent blanche mais historiquement majoritairement noire. Ses extrémités (tête, membres) sont le plus souvent tachetées. Ses caractéristiques en font un mouton résistant et adapté : agnelage facile, agneaux résistants, rustique, adaptaté à un climat rigoureux, valorise l’herbe et limite les épineux-ligneux. C’est l’engin naturel de maintien des espaces naturels (landes, marais...). De plus, par sa croissance lente il donne une viande de qualité, excellente s’il ne pâture que sur les prés salés.
Ils ont des chapeaux ronds... Exercer le métier de chapelier était une façon de ne jamais manquer de travail, assuré par une population masculine qui portait le chapeau en permanence, qui plus est exposé à l’année au climat breton. Le chapeau avait de plus l’avantage de masquer une calvitie allant de naissante à totale...
Au vu de la tenue de ce vieux vétérinaire, le métier n’enrichissaient pas son homme... Il n’y avait guère d’animaux de compagnie et comme la mort frappait également parmi les familles nombreuses, le besoins de soins était pratiqué dans l’ordre rebouteux, médecin pour les humains et rarement vétérinaire pour les bêtes, qui comme les races bretonnes étaient rustiques réclamaient peu de soins.
La production de boissons fermentées à partir de pommes est attestée en Bretagne au VIIIème siècle. Au XIIème siècle, des variétés de pommiers espagnoles sont greffées aux variétés locales pour améliorer leur concentration en tanins et la conservation des cidres. Jusqu’à la fin du XIXème siècle, la récolte des pommes et la production de cidre est très aléatoire et les prix de vente varient dans les mêmes proportions, selon l’abondance de l’offre et sa qualité. Les
cueilleuses de pommes s’affairaient pour récolter les petites pommes sur les arbres.
L’origine du cidre remonte à la nuit des temps. On trouve la trace de ce « vin de pomme » chez les hébreux, les romains et les grecs. Il s’agissait alors d’un breuvage réalisé à base du jus fermenté de fruits sauvages. En Biscaye (Pays basque) était consommé le « Phitarra », une boisson obtenue à partir de morceaux de pommes et de miel bouillis dans de l’eau. Ce « sydre » issu de pommiers de meilleure qualité fut ramené dit-on en France au VIème siècle par des marins dieppois. Il est à l’origine du cidre tel qu’on le connait aujourd’hui. Ceci étant tant le climat breton que le climat normand sont propice aux pommiers à cidres, la similarité evec le nord de l’Espagne expliquant l’acclimatation des pommiers...
Le bouilleur de cru officiait en Bretagne comme dans les autres régions de France. Faute de raisins c’est la pomme qui était distillée pour en faire de l’alcool : le lambig. Cette dénomination provient du breton ul lambig : l'alambic. La lambig est obtenue par distillation de cidre. Son distillat titre environ 70 %. Cet alcool concentré peut ensuite être coupé avec de l'eau pour ramener son titre à environ 50 % en volume.
On distille en général une barrique de cidre (225 litres) pour obtenir 20 litres de lambig. L'opération est effectuée, pour le compte des exploitants producteurs de cidre, par des distillateurs professionnels itinérants (ou bouilleurs de crus) qui se déplacent d'un village à l’autre. cet alcool s’appelle aussi : gwinardant, odivi, lagout.
Le scouvertures des maisons étaient essentiellement en chaume ou en ardoise. Avec des matériaux abondants et peu chers, la chaume était fort répandue avec le double avantage d’être efficace (une bonne isolation des combles l’hiver et du frais l’été) et surtout peu coûteuse -à l’époque-. À l’époque les couverture étaient faites en paille de seigle. Mais les couvertures de chaume étaient de courte durée et il fallait les renouveler tous les vingt ou trente ans mais surtout elles présentaient un terrain trop favorable aux incendies. Aujourd’hui, grâce à des outils mieux conçus, la pose est désormais plus compacte. Ainsi le chaume ne craint plus ni les rongeurs ni le feu, et la durée de la couverture est allongée jusqu'à 50 ans à partir de roseaux de Camargue. Le couvreur de chaume est un très ancien métier, la preuve est que la couverture des huttes du village d’Astérix était en chaume !
Le battage du blé ou des autres céréales sépare de la tige les graines contenues dans l'épi. Avant l'apparition de la batteuse mécanique, on battait les épis à la main, à l'aide de différentes techniques et outils. L'outil le plus communément utilisé était le fléau, long bâton composé de deux morceaux de bois reliés entre eux par une chaîne, avec lequel on frappait les épis.
Les leuriou nevez, littéralement les cours neuves, constituaient un beau moment festif de solidarité et de partage. Les cours de ferme étaient raclées et nettoyées à fond chaque été avant le battage des céréales. Mais de temps en temps, une réfection totale s’imposait. Pour ce faire, on allait dans un endroit marécageux d’où on extrayait une sorte de glaise noirâtre que l’on épandait sur la cour et qu’on laissait sécher quelques temps. Puis, le moment venu, pour bien niveler la surface, on invitait tous les voisins (cinquante à cent personnes) à venir danser sur cette aire à battre toute neuve, cette leur nevez qui avait demandé tant de travail.
Le manège de battage était entrainé par des boeufs ou des chevaux. Il se substituait à une technique plus ancienne : le procédé de dépiquage par piétinement de chevaux ou de boeufs. La nouvelle technique séparait les céréales des déjections animales. A partir de 1920, faucheuses-lieuses et moissonneuses-batteuses envahissent les champs et l'aire à battre perd ainsi sa raison d’être et font disparaitre les batteurs de céréales...
L’andouille est une charcuterie composée de la « ventrée » complète de porc : chaudin (40 % environ), menus (environ 43 %), tripes (environ 17 %), normalement sans adjonction de gras ni de liants, avec addition de sel, poivre, épices et aromates. L'andouille de Guémené, citée dans le Code des usages de la charcuterie comme « dénomination particulière » (l'un des produits les plus identifiables avec ses anneaux concentriques) à base de chaudins de porc enfilés les uns sur les autres pour former une andouille. La dernière couche est constituée par une baudruche (cæcum) de bœuf. L'andouille est ensuite fumée au feu de bois (hêtre ou chêne) puis mise à sécher pendant plusieurs semaines. Elle est ensuite piquée pour que la graisse puisse s'évacuer puis cuite dans un bouillon frémissant pendant trois ou quatre heures.
L'andouille est le plus souvent consommée en tranches, froide ou chaude : sur une galette de sarrasin, en assiette de charcuterie, grillée, cuisinée à la moutarde, avec de la purée ou bien encore au four. Un régal pour les
mangeuses d’andouilles...
Les marchandes de poissons sur les ports étaient les épouses de pêcheurs qui vendait la marée fraîche… Avec l’essor des bains de mer et le transport ferroviaire, une bonne partie des ventes put se faire bien plus loin...
Je me souviens de mon premier voyage en Bretagne, les vieilles bretonnes portaient toutes leurs coiffes… Le nombre de débit de boissons était impressionnant, de nombreuses échoppes en pleine campagne, faisaient en même temps office de café, boulangerie et alimentation générale. Le vin de table qui était couremment servi était du vin d’Algérie qui titrait au minimum 13°, alors que le vin de table de nos régions était à 9°…. Des auberges au tournant du XXème siècle se sont adaptées au tourisme balnéaire. Mais à Pont-Aven, un peu avant, deux aubergistes ont contribué à l’essor de la peinture en accueillant de nombreux peintres français et étrangers. J’aurais tout loisir de compter en détail cette histoire lors de l’étape 55 de Rospico à Rien….
L’exploitation de l’ardoise est ancienne en Bretagne, elle remonte au XVI e siècle dans la région de Châteaulin et au XVI e siècle dans celle de Mûr-de-Bretagne. Le passage de la couverture en chaume à celle en ardoise au cours du Second Empire va développer l’activité ardoisière dans la région. Vers 1850, les filons commencent à s’épuiser, d’autant plus que les carrières ne sont exploitées qu’à une faible profondeur. À cette époque, le Finistère compte toujours le plus grand nombre de carrières. Des exploitations sont ouvertes le long du canal de Nantes à Brest. Dans les Côtes-du-Nord, le principal centre ardoisier se situe près de Keriven en Caurel, entre Mûr-de-Bretagne et Gouarec. En Morbihan, dans la région de Gourin, seule l’ardoisière de Lannuon emploie une dizaine d’ouvriers. Le développement des réseaux ferré puis routier au début du XXe siècle entraîne le déplacement des centres ardoisiers vers Gourin, ainsi que sur Motreff, Maël-Carhaix et Plévin. Durant la Première Guerre mondiale, l’industrie, dans un premier temps désorganisée par la mobilisation, va être sollicitée pour subvenir aux besoins de la guerre. La production continue donc. La reconstruction profite aux ardoisières qui connaissent durant les années 1920 une période de prospérité
Théodore Botrel s'installa à Pont-Aven à partir de 1905, séjournant de 1907 à 1909 dans la villa Castel-Brizeux qui surplombe la rive gauche de l'Aven avant de construire sa propre maison, dénommé "Ker-Botrel". Il fut à l'origine de la création en 1905 de la première fête folklorique bretonne, le "Pardon des Fleurs d’Ajonc », il était considéré comme
barde. Il a vécu à Pont-Aven jusqu'à son décès en 1925 et y est enterré. Son succès est venu avec
La Paimpolaise inspirée par Pêcheur d’Islande de Pierre Loti.
Autrefois chaque village avait son
four à pain.
Vers 1900, dans les fermes, la recette du pain était basée sur la farine de blé, de l’eau potable, du sel de cuisine et un agent de fermentation : le levain naturel préparé à la ferme. Il a été remplacé plus tard par la levure du boulanger qui est très différente autant dans la nature de la fermentation que dans les propriétés digestives.
Toutes les semaines, une fournée de pain était effectuée de façon communautaire, en partageant le travail. Pendant que les ménagères faisaient la pate, les hommes préparait le four en lançant la chauffe. Le produit résultant était des tourtes d'environ 14 livres. En Ille et Vilaine, les paysans confectionnaient des « miches » de 6 ou 12 livres. Si les pains ne remplissaient pas le four on y ajoutait d’autres préparations : des brioches, des tartes….
Le nombre de pains à préparer variait suivant la composition de la famille. En 1900, les familles paysannes se composaient le plus souvent de nombreux enfants : entre 7 et 10, deux parents et un ou deux aïeuls, soit en adultes travailleurs de force, 8 personnes, à raison de 900 g de pain/jour, ce qui représentait 50 kilogrammes de pain par semaine par famille.
Jusque vers le milieu du XIXème siècle, seules les familles aisées issues de la bourgeoisie ou de la noblesse engageaient des domestiques (servantes ou valets). Les domestiques étaient responsables de tous les travaux ménagers : elles/ils nettoyaient, cuisinaient, lavaient, allaient faire les courses, s’occupaient des enfants, recevaient les invités, etc. À cette époque, le personnel vivait au sein même du ménage de l’employeur, et l’horaire de travail pouvait atteindre 16 heures par jour. Même si le ménager ci-dessous me ressemble, cen’est pas moi !
Un autre métier singulier le marchand de bouses de vaches. Salvador Dali s’en est inspiré pour orner les murs de son musée à Figueras ! La bouse de vache séchée est un excellent combustible, c’etait en plus du recyclage de déchets avec en plus l’amélioration de l’isolation thermique de la maison du marchand….
La chèvre des fossés était la race bretonne. Comme pour le mouton, le sauvetage de la race est récent, il ne reste guère plus de 1000 chèvres. Cette chèvre est de taille petite à moyenne (65 à 75 cm pour les mâles) et d’un poids moyen de 40 kg, de poil mi-long ou long, parfois pourvu d’une épaisse "bourre" en hiver. La race est généralement cornue (cornes courtes pour les femelles, longues pour les mâles). Elle est rustique et bien adaptée au climat océanique doux et humide, Le métier de
chevrière n’est donc pas moribond en Bretagne.
La Manufacture des Tabacs de Morlaix a ét créee en 1748. Jusqu’à 9 générations de Morlaisiens y ont été employés.
La Manufacture des Tabacs n'a pendant longtemps embauché que des hommes. Les premières femmes ont intégré l'entreprise en 1850, quand cette dernière a commencé à produire des cigares, en plus de la chique et de la prise confiées alors à la gent masculine. Cinq premières femmes ont été employées pour leurs mains fines comme cigarières. Grâce à leur succès, il y eut un recrutement massif de femmes. Seule qualité essentielle : « Il fallait parler français. En 1916 et 1917, la Manufacture a continué d'embaucher des femmes, mais sur d'autres critères : les places étaient réservées aux veuves de guerre, aux pupilles de la nation ou encore aux apparentées (filles et belles-filles) de moins de 25 ans.
Bonjour,
RépondreSupprimerVos articles sont prodigieux. Je suis écrivain/biographe. Comment pourrais-je vous contacter ? Pour info, je serai présent à Toulon dans la seconde quinzaine de novembre.
Amicalement,
Frédéric Lair
www.ecrivain-public-biographe.eu
mon adresse de courriel : azimuts2@yahoo.fr (Frédéric Lair)
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