mardi 5 mars 2019

Les hêtres noueux de l'allée des géants

Nous allons voir de beaux arbres en préparation de notre périple. Un hêtre vieux de 220 ans est salué pour le diamètre de son tronc de plus de 8 mètres, c’est un des plus gros de France. Il fait partie d’une haie plessée plantée dans son ensemble en 1800.
 
Le hameau de la Bletterie est réputé pour son «  allée des géants »… C’est un petit hameau situé au Sud-Ouest de Saint-Nicolas-des-Biefs, commune la plus haute de la montagne du Bourbonnais.
 
 
Ce territoire reculé aux confins de l’Allier, proche de la Loire, a accueilli vers 1660, des verriers originaires de Lorraine et de Franche-Comté, chassés par les invasions venues de Saxe, attirés par l’abondance du bois et des fougères nécessaires à l’alimentation de leurs fours, se réfugièrent dans la région et installèrent leurs manufactures près du plateau de «  La Verrerie » et exercèrent leur activité jusqu’à la révolution. Les communautés familiales vécurent ensuite essentiellement du travail du bois ; en 1851, on dénombrait 96 bûcherons et charbonniers et près de 200 sabotiers. Aujourd’hui, une grande  partie des crêtes est massacrée par des éoliennes, qui ne tournent même pas faute de vent alors nous préférons la partie préservée...
 
 
 
Du bord de la route, une allée exceptionnelle bordée d'arbres vieux de 400 ans monte doucement ; c’est l’«  allée des géants »  ou le «  chemin des sorcières ». Son accès est très discret à peine indiqué par un panneau qui annonce qu’une tentative de sauvegarde des premiers hêtres de la haie.
 
Cependant, cette haie est aujourd’hui dans un état fort dégradée.


 

 

 
 
Un gardien en pierre est assis au pied du premier hêtre et profite de la quiétude du lieu pour faire une sieste guère perturbée par les passants.

 
 
 Cette haie a eu dès l’origine une importance notable pour accueillir les oiseaux, les insectes, les petits mammifères. Aujourd’hui encore, les cavités des tronc accueillent de nombreux animaux qui trouvent une protection naturelle.

 
 
 
 

 
 
 

 
Les troncs torturés démontrent les séquelles des nombreuses torsions subies.  

 
 
 
 
 
 

 
 
 
Les quelques rayons de soleil qui percent la forêt pour éclairer ces vieux arbres donnent un aspect magique à ce sentier de randonnée où l’on se sent transporter dans un conte pour enfant. 
 
 

Malheureusement, l’allée des géants a été oubliée trop longtemps. Ces vestiges laissent imaginer quelle aurait été sa splendeur si elle avait été corretement maintenue en état. 

 
 
 
 
 
Ces haies avaient pour rôle d’empécher la divagation du bétail comme un muret de pierres sèches. Mais lorsque le bois est abondant, il est plus facile de faire une haie plessée.
La cicatrisation peut conduire à la réunion de deux arbres comme ces hêtres qui forment un banc natureL

 
Ces haies ne nécessitaient pas un travail conséquent une fois que le premier plessage était réalisé.  Il suffisait de plesser à nouveau la haie devenue haute tous les 7 à 15 ans. Mais une haie plessée pouvait être laissée sans entretien pendant 50 ans.
 
 
 
Les haies plessées de hêtres sont sans doute les plus harmonieuses. Leurs troncs gris incrustés de lichens prennent l'allure de candélabres aux formes variées. Ces arbres, torturés par l'homme, ont mémorisé des pratiques aujourd'hui presque disparues.
 
 


Les troncs noueux expriment la souffrance et l’âge de ces hêtres qui ont subi le plessage pour constituer une haie impénétrable. César connut ces barrières concues par les Celtes : Ils étaient dans l'habitude de couper de jeunes arbres, de les courber, d'y placer transversalement de nombreuses branches, et d'entremêler le tout d'épines, afin qu'à l'instar d'un mur, ces haies leurs servissent de retranchements, à travers lesquels il n'était possible ni de pénétrer, ni même de rien voir.
 


 
 

Le remembrement a causé la destruction de nombreuses haies plessées en France, l’allée des Géants mérite d’être préservée et entretenue comme témoignage des pratiques anciennes.

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