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dimanche 3 février 2019

Corps de garde et maisons des douaniers


Il n’existe pas d’étape pendant lesquelles nous ne rencontrerons pas de corps de garde, encore entiers ou réduits à l’état de ruines. On découvre encore de nos jours ces vieux édifices à partir de recherches sur le terrain basées sur des cartes anciennes… 

Au début du XVIIème siècle, la Manche est infestée de pirates de toutes sortes, que ce soient les Dunkerquois, les Anglais et surtout les barbaresques. Afin de protéger nos côtes et nos ports, dès 1626, la construction de frégates fut réalisée pour naviguer le long des côtes du royaume. Ces petits bâtiments rapides et agiles étaient particulièrement aptes pour chasser les intrus. D’autre part, comme les milices villageoises italiennes du XIIème siècle, on fit appel aux populations côtières pour surveiller les rivages. Les premières ordonnaces datent de 1475. Elles prévoyaient qu’en temps de paix que le droit de guet était payé à l’amiral mais qu’en temps de guerre ou suspects le service était réellement effectué. Ainsi sous Louis XI en 1475 le droit coûtait 5 sols par feu. Les garde côtes étaient dirigés par des capitaines agissant sous l’attache de l’Amirauté. Ils faisaient chaque année la revue des habitants des paroisses sujettes au guet de la mer. L’âge des habitants retenus allait de 16 à 60 ans, mais les matelas, charpentiers de navire ou autre ouvriers de la Marine, déjà tenus au service du roi y échappaient comme ceux qui avaient déjà servi pendant 30 ans de guerre dans la garde-côte. En fait, un nombre réduit de paysans supportait cete charge. La présence aux convocations était impérative sous peine d’amende en temps de paix et de galère puis de bagne en temps de guerre. Les habitants retenus doivent disposer dans leur maison d’un mousquet ou fusil, d’une épée, d’une demie livre de poudre et deux livres de balle complétés plus tard d’une baïonnette. Plus tard, devant le risque de révolte, en 1757, les arme durent être déposées dans un magasin, ce qui permit l’uniformisation des armes, des pièces de rechange et des munitions. En période de guet, les signaux se faisaient de jour par fumée et de nuit par feu. Puis plus tard, on utilisa des pavillons et mêm des coups de canon. Les corps de garde étaient construits par les paysans eux-mêmes. « Les corps de garde lorsqu'on en aura besoin, seront construits par corvée des paroisses de la capitainerie où ils seront établis ». Aussi, celles-ci doivent fournir gratuitement la main d'œuvre, les matériaux de construction ainsi que le mobilier et les ustensiles nécessaires pour y rendre possible une présence permanente en cas de conflit. Puis plus tard, pour lutter contre la contrebande, celle du « faux-tabac », des employés des Fermes se postent dans les corps de garde qui constituent de bons points d'observation pour guetter tout mouvement suspect aux abords des côtes. C'est d'ailleurs de cette manière que deux « gabelous », en 1784, assistent en pleine nuit et depuis le corps de garde du Port Moguer, dans la paroisse de Plouha, au pillage d'un navire naufragé.

Le fameux corps de garde de Menehan enchâssé entre des rochers.


Jean-Baptiste Colbert, contrôleur général des Finances sous Louis XIV, considéré comme le père de la douane moderne, met en place, en 1667, un tarif national aux frontières françaises. Une taxe est alors prélevée sur les marchandises qui passent les frontières, le but étant de restreindre le plus possible l'entrée des produits anglo-hollandais, permettant ainsi à la France d'exporter beaucoup et d'importer peu. C'est ce contexte qui amène l'État français à surveiller ses côtes pour empêcher la contrebande. En Bretagne, en 1791, le sentier douanier est alors créé. À la veille de la Révolution française, c'est la Ferme générale qui se charge de percevoir les droits de traite et les droits indirects tels que la gabelle sur le sel. C'est d'ailleurs de la gabelle que vient l'origine du mot «gabelou», utilisé à l'époque pour nommer les douaniers.
Le douanier appartient à une brigade. Chacune d'elles a en charge une penthière, territoire reproduit sur un tableau qui fait office de plan : les sentiers, les points de stationnement ou encore les lieux-dits y figurent. Ces indications sont accrochées au mur de chaque corps de garde. L'ensemble des côtes bretonnes est alors divisé en plusieurs penthières.
Faute de Bretagne, un petit coin des Ardennes sous le contrôle des Gabelous...


Pour empêcher la contrebande, les douaniers ont accès à une zone large de 60 kilomètres, qui part du littoral jusque dans les terres, et ce tout au long des côtes. À l'époque, le sentier représente la frontière française, et le «gabelou» chemine à pied le long du littoral, jour et nuit et par tous les temps. Il s'arrête parfois pendant de longs moments à des postes fixes, desquels il observe les endroits propices aux débarquements frauduleux. Chaque douanier passe trois fois par jour le long du sentier, ce rythme étant contrôlé par un chef de brigade, chargé de contrôler le respect de cette consigne. Difficile alors pour le contrebandier d'échapper au douanier. Pourtant, à l'époque, d'intenses trafics existent aux frontières bretonnes, notamment du côté de Guérande. Le sel étant très recherché, puisqu'il permettait de conserver les denrées, il alimente l'une des contrebandes les plus connues, celle des «faux sauniers». Ces contrebandiers font alors transiter le sel de Bretagne jusqu'au Maine sans s'acquitter de la gabelle.
Des « gabions », petits abris en pierre sèche, sont installés sur la côte pour les gabelous en sus des corps de gardes préalablement existants. Quelques traces de fondation de ces gabions existent encore. Mais l’on aperçoit aussi, ici et là, au fil des chemins, des maisons de douaniers, des tours de guet ou des corps de garde, dont certains ont été très bien restaurés.

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