L’arrivée à l’Île Blanche nous a conduit à faire une étape raccourcie qui s’est terminée avant Locquirec. Des randonneurs rencontrés hier nous ont dit que ce sera une étape de montagne difficile. La météo aujourd’hui annonce de la pluie le matin et ensuite un ciel nuageux. Mais comme nous à dit Papinou : « la météo sur la côte est très changeante et peut ne pas correspondre aux prévisions. »
Alors nous verrons bien.
Nous prenons notre petit-déjeuner avec la même dame que la veille qui vient participer à une formation sur les enfants « dys ». La conversation est passionnante mais hélas il nous faut quitter ce lieu agréable.
Nous retrouvons l’Anse de Porz Morvan sous un autre aspect, puisque ce matin elle est en eau..
Cependant, la plage du Fond de la Baie , très grande plage de sable fin, nous permet de marcher sur du sable dur, bercés par le clapotis des vagues. Elle dispose d’un cadre somptueux et de couleurs magnifiques par tous temps, tapissé de pins sur le flanc droit, de la perspective du port de Locquirec à sa gauche et adossée à un camping discret et arboré dont Toul ar Goué marque la fin et une orientation différente du trait de côte.
Nous longeons la plage de Traon at Velin qui se situe à proximité du port et du centre-ville de Locquirec. C’est une plage de galets et nous passons au-dessus de la plage du Port qui est très agréable, exposée au sud, abritée des vents et située au centre de la vie du village. Les terrasses des cafés et restaurants sont à deux pas. La vue sur la pointe de l’Armorique et les falaises de Trédrez nous rappelle le parcours d’hier.
Le bourg de Locquirec s’est formé autour de l'église et du port de plaisance. Le bourg de Locquirec est longtemps resté peu peuplé : ainsi en 1886, le bourg ne comptait que 232 habitants. Aujourd’hui, il est bien plus grand avec des constructions datant pour l’essentiel du siècle dernier. Le marché est fort vivant avec des odeurs qui stimulent notre appétit, il faut résister !
Le sentier de randonnée chemine à travers les ruelles du bourg, en passant par l’église Saint Jacques. Le clocher à tourelle de l'église Saint Jacques date de 1634, il est de structure solide, résistant aux vents du large. De style Beaumanoir, il est flanqué d'une tourelle abritant un escalier à vis surmonté d'une coupole sur laquelle se dresse la statue de Saint Jacques.
L'Association des Amis de l'Art Religieux de Locquirec fait une description détaillée de l’église pour ceux qui voudraient en savoir plus.
Le retable du maître-autel porte en haut-relief des scènes de la Passion d'une exécution très archaïque et ayant le caractère du XVème siècle.
En bas-reliefs sur l'autel, en forme de tombeau, plusieurs saints :
- Saint Jean l'Evangéliste qui fut l'un des premiers disciples du Christ.
- Saint Jacques Le Majeur, qui protégeait les marins pêcheurs.
- Saint Mélar, Sainte Barbe et Saint Claude.
Le triptyque de Notre Dame de Bon Secours date des XVème et XVIème siècle.
L'ensemble est en réalité un « arbre de Jessé ». L'intérieur des volets, orné de bas-reliefs polychromes représente six scènes de l'enfance de Jésus : l'annonciation, la visitation, la nativité, la visite des mages, la présentation au temple et la fuite en Egypte.
Le plus grand ex-voto dit « la Cordelière » est porté en procession par des marins pour la bénédiction de la mer lors du pardon qui a lieu fin juillet.
Devant l’église, une borne indique le point de départ du pèlerinage vers Compostelle qui se trouve à seulement 1927 kilomètres...
Locquirec fait partie des cinq départs de pèlerinage jacquaire de Bretagne et il passe par Gourin la terre de mes ancêtres bretons.
Le calvaire côté sud, de chaque côté du calvaire nous trouvons Marie et Jean et côté nord nous remarquons Saint Pierre et Saint Jacques qui entourent la Vierge Marie. Enfin côté Est et Ouest, des faces de diables cornus et grimaçants....
Comme autrefois l'enclos paroissial recevait le cimetière. A Locquirec, en 1941, pour élargir la route devenue trop étroite, le cimetière fut transféré dans la "Nouvelle Côte".
Un peu plus loin le majestueux Grand Hôtel des Bains rendu célèbre par le film « L’hôtel de la plage », mais il n’est pas dans les prix de notre journée moyenne sur le GR34.
Nous buvons une bière en trompe l’œil au bar Roc’h Kouézet.
Le sentier offre de magnifiques vues panoramiques sur la côte de la Baie de Locquirec jusqu’à l’entrée de la Côte de Granite Rose. Le petit îlot de l’Ile verte se découvre à marée basse pour le plus grand bonheur des pêcheurs.
La pointe du château doit son nom au Casino construit dans les années 30, lieu de rencontre et de loisirs très prisé par les Locquirecois, malheureusement détruit par les bombardements pendant la guerre.
À la pointe, on peut voir de très belles villas, un ancien blockhaus...
et l’emplacement d’une ancienne ardoisière qui atteste du riche passé marchand de la ville.
Cette pierre de schiste bleu est encore visible sur le bâti ancien de Locquirec.
La plage de Porz ar Villiec est la seconde plage proche du centre de Locquirec mais elle est moins en vue que la plage du port car exposée au nord et parfois plus ventée. Pour cette raison en partie, c'est un spot de surf très prisé, même si c'est aussi un lieu apprécié des familles car plus vaste que la plage du port, et plus propice aux jeux de plage. Nous observons les surfs et paddles un instant. L’attente de la bonne vague est un exercice subtil, certains excellent pour se dresser au bon moment et glisser pendant une trentaine de secondes vers le rivage.
Nous avons évité la pointe du Corbeau qui domine le grand large et offre une vue exceptionnelle à quasiment 360 degrés pour aller faire nos courses du jour Au P’tit Marché.
Nous retrouvons le GR34 aux Sables Blancs, plage de sable fin, avec de jolies dunes et des rochers.
Le sentier est en bord de falaises et pour l’heure facile. Notre regard porte vers le futur... des pointes, des criques, des montées et des descentes.
La plage du Moulin de la Rive avec son exposition plein nord et ses rouleaux est un spot de surf réputé. La plage avec galets et rochers, est souvent prisée par les surfeurs en raison de la puissance de ses vagues. Encadrée par de charmantes maisons bretonnes, la plage du Moulin de la Rive descend en pente douce sur des galets avant de rejoindre un sable clair qui de part et d’autre dissimule des rochers.
Ainsi nommée parce qu’un moulin s’y trouvait, le site archéologique du Moulin de la Rive a su livrer de nombreux témoignages de son passé gallo-romain, notamment des morceaux de poterie datant du 1er siècle avant JC.
La large pointe de Marc'h Sammet, plus résistante, a conservé sur sa hauteur une belle unité de lande à ajoncs et bruyères qui culmine à l'altitude de 78 mètres. La déclivité est graduelle jusqu'au trait de côte et la hauteur de la falaise reste moyenne, de l'ordre de 15 mètres. La bande côtière est surtout occupée par des fourrés arbustifs de prunelliers ou, surmontant l'anse du Moulin de la Rive, par des formations boisées lâches de coteaux à caractère mésohygrophile (à Saule roux, Tremble,...). Un petit secteur de lande et fougères est enrésiné en pins. Helter Skelter est le nom du manège célébré par les Beatles qui me vient à l’esprit en descendant vers le bas, après il faudra remonter.
Nous approchons de la plage de Poul Rodou la plus éloignée du centre de Locquirec et sans doute le plus tranquille.
Nous jetons un regard en arrière pour dire au-revoir à Locquirec.
La marche en bord de falaises est agréable avec vue sur les récifs et rochers proches.
La plage du Moulin de Trobodec (également appelée plage de Vilin Izela est un haut-lieu de la Résistance.
Une stèle sur l'aire d'arrivée en célèbre les hauts faits. C'est ici que les corvettes anglaises déposaient les informateurs résistants préparant le débarquement, dont François Mitterrand (alias Morland) en février 1944. En tout cas, ici le vague à l'âme ne fera pas longtemps de résistance, tant la plage est charmante, surplombée par la pointe de Beg-an-Fry, ceinturée de rochers et semée jusque dans l'eau de récifs. En soirée de fin de saison, la falaise jette parfois une ombre sur ce trop joli tableau.
Nous reprenons notre marche sur un chemin encore facile. Mais nous arrivons près de Beg an Fry et chemin de montagne devient le bon qualificatif. Le sentier grimpe de façon abrupte vers le sommet de la pointe. C’est une pointe majestueuse, sauvage, à couper le souffle. La nature y est abrupte et préservée, tombant à pic dans la mer.
La pluie nous rattrape, nous mettons nos pèlerines. Avec les rafales de vent et le risque de glisser dans ces montées et descentes abruptes nous optons pour un parcours GR34 grandes marées moins risqué qui nous permet d’apercevoir la mer...
Ce parcours sur le plateau nous donne l’occasion de voir la plantation d’artichauts dans un champ préalablement préparé. Le tracteur suit la marque laissée par une roulette à droite de l’attelage, quatre hommes assis piquent les plants d’artichauts en les insérant entre des roulettes. La mécanisation n’a pas encore été poussée à son paroxysme, l’homme est encore nécessaire pour un temps.
La pluie s’étant arrêtée nous reprenons contact avec le GR34 à la pointe de Beg Gracia. Ici le navire « King Edward III » fut déchiqueté par les rochers de Beg Gracia, le 9 décembre 1894. Il y eut quatorze victimes.
Quel plaisir de retrouver ces descentes et montées ! La pointe de Primel est face à nous et point positif les falaises sont bien plus basses.
Pour l’heure, c’est toujours plus haut. Nous avons le bonheur de tomber sur un champ de jonquilles quelque peu difficiles à ramasser.
Le chemin des douaniers descend ensuite sur la plage du Bourg, partagée entre deux communes: Saint-Jean-du-Doigt à l'est, Plougasnou à l'ouest.
Seuls les galets restent visibles au plus fort de la marée haute. Sinon, le sable est bien présent. C'est un spot apprécié des surfeurs et windsurfers mais ils sont aujourd’hui à Locquirec...
Après avoir longé la plage, le GR34 poursuit le long de la route, une longue ligne droite en montée. Nous sommes fourbus et nous prenons la décision de couper en passant par Plougasnou au lieu de faire le tour de la presqu’île sans grandes difficultés. C’est dommage il nous faudra faire le tour....
Voilà ce que nous avons manqué !
De la pointe de Primel, le panorama s’étend de la baie de Saint Pol de Léon à la côte de Trébeurden, on peut voir au large le phare de l’île de Batz et l’île aux Moines (les 7 îles).
La pointe de Primel est un site historique, de par les nombreux vestiges qui s'y trouvent, témoins de l'occupation du site depuis la Préhistoire. Le sentier des douaniers, qui longe toute la pointe, permet de faire le tour de Primel et de découvrir tous ces vestiges, ainsi qu'un panorama exceptionnel sur la mer et sur la baie de Morlaix.
Du sommet du grand rocher on domine la mer de près de cinquante mètres. Cette pointe granitique se trouve détachée de la presqu'île par « le Gouffre » , couloir de 8 à 10 mètres de large dont les roches les plus tendres ont été érodées par la montée des eaux, il y a 10 000 ans. La presqu'île qui relie la pointe au continent est due à la rencontre de deux courants, dont l'accumulation des dépôts, a formé sur une longueur de 35 mètres ce que les géologues nomment une queue de comète.
Cette disposition du site a incité les hommes à y trouver un moyen de se protéger et de se défendre derrière les lignes de granite renforcées par des empilements de pierres et constituer ainsi un éperon barré qui profite de l’accès difficile à cette extrémité, tant côté terre que côté mer. La Pointe de Primel, formée de rochers granitiques qui culminent à 48 mètres, et entourée d'écueils, forme une forteresse naturelle, occupée depuis le mésolithique par les hommes qui y aménagèrent cet éperon barré protégé aussi par une triple ceinture de remparts. Au cours des siècles, la position stratégique de la pointe de Primel a été disputée par de nombreux belligérants. Les Vikings y ont pris pied dans les années 800 à 900. Les Anglais s'y sont installés pendant la guerre de cent ans, et même après, comme tremplin pour l'invasion du continent. Vers 1490, les Morlaisiens aménagent le site en poste de vigie pour la surveillance du trafic maritime. Pendant les guerres de la Ligue, les Espagnols, alliés des Ligueurs, en font une place forte. Sous Louis XIV, Vauban y place une batterie de deux canons en complément du renforcement du fort du Château du Taureau qu'il vient de réaménager.
Sur les hauteurs de la pointe de Primel, au milieu de la lande et des roches granitiques, se trouve la maison du douanier abandonnée. Construite en pierre taillée avec un toit en ardoise, elle n'a plus ni porte ni fenêtre. Auparavant, c’était un corps de garde faisant partie du système défensif de la baie de Morlaix, il surveillait l'anse du Diben et l'anse de Primel. Puis, au XIXème siècle il devint une maison de douanier chargé de veiller au blocus continental décrété par Napoléon 1er.
La montée jusqu’au bourg de Plougasnou est longue et difficile. La vue du clocher qui se rapproche annonce la fin de la montée.
L’église Saint Pierre eut mérité une visite, mais nous allons au café boire une bière pour profiter de la station assise et de nous abreuver car nous avons terminé nos réserves en eau avant d’aborder les trois derniers kilomètres vers Le Diben.
Nous profitons de la descente pour marcher plus vite, nous retrouvons le GR34 qui passe vers le moulin Tromelin puis nous arrivons dans l’anse du Diben. C’est tout de suite l’Abesse et notre hôtel. Un panneau indique que l’hôtel est fermé le mercredi et qu’en cas d’absence il faut appeler un numéro. Nous nous asseyons sur une table dehors pour faire le point. La porte de l’hôtel s’ouvre, une jeune femme nous demande ce que nous voulons... il y a eu méprise de date et malgré tout ils nous hébergent. Par contre, pas de restaurant ce soir. Les plus proches sont à Primel. Du coup à 7 heures, la jeune femme nous a gentiment accompagné en voiture, sinon nous aurions pioché dans nos dernières réserves : des pruneaux et un bout de saucisson. Tout finit bien....
Nous reviendrons à l’hôtel mais en voiture pour profiter du restaurant.
La marée est montées rapidement, les bateaux flottent quelques deux heures après notre arrivée.
Demain une autre longue étape jusqu’à Morlaix mais avec bien moins de dénivelé.
- Hôtel Au Temps des Voiles 20 Rue de l'Abbesse, 29630 Plougasnou tel 02 98 72 32 43 B&B 83€
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire