Le passé est histoire, le futur est mystère et le présent est un cadeau !
Nous sommes arrivés au Mont Saint-Michel en 2016 en traversant directement la baie depuis la Chaussée de Saint-Léonard, terme de notre parcours depuis Monte Sant’Angelo in Gargano. Que d’émotions associées à cette traversée et à la vision du mont qui se rapprochait ! Nous avions dormi une nuit dans l’hébergement pour pèlerins. Le Mont était alors à nous. loin de la cohue habituelle...
Aujourd’hui, c’est le point de départ de notre voyage pédestre 2019 en direction de Saint Nazaire le long du sentier des douaniers, deux mille kilomètres de rivages nous attendent. C’est Roby notre ami Suisse qui nous donne envie en faisant partager ses belles photos. Nous commençons par une mise en jambe de 23 kilomètres sur un parcours plat et rectiligne….
Le coucher du soleil sur la Baie était alors le point d’orgue de notre long périple de 2016....
La Merveille arrivait enfin après 93 jours de marche depuis le sud de l’Italie.
Cette année, le départ du Mont Saint-Michel est moins chargé d’émotions mais beaucoup plus de nuages. Mais c’est notre départ du tour de Bretagne même si la position du mont en Bretagne est contestée….
La situation est bien contrastée cette année, le ciel est très menaçant.
Notre ami LouLou nous a rejoint pour une première série d’étapes. Ce sera plus facile pour discuter. Dès le début il pleut, le vent souffle, nous enfilons nos belles et nouvelles pèlerines fort discrètes. Loulou est équipé d’un poncho « bonze ».
Cette première étape de 23 kilomètres est extrêmement plate, elle nous conduit jusqu’au Vivier-sur-Mer. Le GR 34 officiel va vers Dol-de-Bretagne en s’éloignant significativement de la côte, nous resterons sur la variante du GR 34 qui colle au rivage et va directement au Vivier. Cependant, Dol de Bretagne mérite une visite, ce sera pour plus tard !
Le GR34 démarre en traversant le Couesnon par le barrage de vidange, c’est la frontière historique entre Normandie et Bretagne.
Très rapidement, la grêle nous accompagne. C’est une giboulée qui dure sur des kilomètres. La glace cingle nos visages et nous transportons sur le dos une belle quantité de glace.
L’itinéraire suit la côte, on peut cheminer sur la digue ou bien au travers des herbus, ces plantes halophiles qui supportent le sel (salicorne, obione, puccinellie maritime…) que les grandes marées recouvrent périodiquement.
Les moutons de prés salés sont également appelés Grévins. Ils parcourent l'herbuparfois à une vitesse étonnante en paissant de préférence la pucinellie, leur plante de prédilection et l'obione, qui donnent à la chair du grévin une texture suave et tendre, au gras peu abondant et ferme. Le gigot, simplement grillé avec du thym, salé au moment de la dégustation avec du gros sel de mer, possède un goût incomparable.
Le très fertile marais de Dol est partagé de biefs et de fossés, ses 12 000 hectares sont protégés de la mer par une digue très ancienne. Il y pousse de riches cultures légumières : ail, oignons, asperges, carottes. La digue côtoie les polders aux noms mystérieux : polder Tesnières, polder Molinié, polder Frémont, polder Monod, polder Bertrand, polder du Nouveau Conseil... La digue s’étire en ligne droite, petit à petit le Mont s’éloigne.
Le parcours sur la digue est parsemé de trous dont le danger est signalé.
Une chapelle toute simple, face à Saint-Broladre et tout proche de Cherrueix, apparait au loin puis se rapproche lentement, très lentement...
Une inscription déchiffrable en atteste : REBATIE P.AUMONE DE F. / ABBE BARBOT R.DE S.BRO / LADRE & PAROISSIENS 1684 rebâtie par l’aumone de frère abbé Barbot recteur de Saint-Broladre et ses paroissiens 1684... La façade principale est ornée d’une statue de Sainte Anne, sainte essentielle de Bretagne et surmontée d’une cloche.
La Digue de la Duchesse Anne est longue de 20 kilomètres, elle se poursuit depuis la Chapelle Ste-Anne jusqu'aux grèves du château Richeux, juste avant Cancale. Elle raconte l'histoire de l'homme face à la nature : comment il a du au fil des siècles, tour à tour, l'affronter pour contenir les flots dévastateurs et conquérir les terres formant aujourd'hui les polders, composer avec elle en apprivoisant le vent dans les pales de ses moulins à Cherrueix, s'en faire un allié pour fonder son économie : de l'élevage des coquillages aux pêcheries, des moutons de pré-salé aux légumes de sable. La digue est la perpétuelle frontière entre 2 paysages qui se succèdent sans jamais se répéter : des grèves aux marais, des marais aux polders, des polders aux herbus.
Nous arrivons à Cherrueix.
Les anciennes « pêcheries »´permettaient autrefois de retenir les poissons dans des alignements de branchages, à la marée descendante. Les pêcheries consistent en une enceinte construite sur les grèves en vue d'un établissement perpétuel, qui reste à sec, à marée basse, piégeant dans cet espace clos, le poisson que le jusant a surpris. Chacune de ces pêcheries est constituée de deux « pannes », en forme de V renversé et porte un numéro d'ordre. Elles forment une ligne quasi continue à trois kilomètres au large, malheur au poisson qui se fait surprendre par le jusant... cette ligne est particulièrement visible sur cet extrait de carte.
Le bouchot ou « bâchon » est la nasse d'osier fixée à la tête de la pêcherie. A la marée descendante, les poissons qui s'attardent entre les deux pannes sont pris au piège et deviennent prisonniers dans le bouchot où les pêcheurs viennent les ramasser.
On y piège divers poissons comme les mulets, bars, soles, plies, aloses, merlans, maquereaux, anguilles …. Ces pêcheries apportaient à leurs propriétaires ou locataires, un revenu non négligeable par la vente du poisson. Des marchands avec des voitures à chevaux vendaient leurs achats sur les marchés des environs. Les pêcheries sont très anciennes, elles étaient déjà signalées dans un document de 1181. Le lecteur interessé pourra lire avec intérêt un article très détaillé : les pêcheries de la Baie de Cancale.
Plus loin, sur la digue de la Duchesse-Anne, trois moulins à vent, dont l'un tourne régulièrement : le moulin de la Saline, propriété de la commune qui héberge la Maison du Terroir et de la gastronomie, le moulin de la Colimassière et le moulin des Mondrins.
La Révolution françaises a supprimé le privilège des seigneurs de posséder des moulins, quiconque pouvait alors en construire et les exploiter. A Cherrueix, les vents dominants étant de nord-ouest la digue dite de la Duchesse Anne était particulièrement bien placée pour les accueillir. C'est pour cette raison qu'après la révolution nombre de moulins furent construits près de la digue.
Mais nous découvrons aussi une belle chaumière qui porte fièrement « 1655 » sur son entrée.
Plus loin, un retraité heureux affiche sa présence..
Si vous mangez des moules françaises, vous avez plus de 20% de chance qu’elles proviennent du Vivier-sur-Mer ! La mytiliculture locale produit près de 10 000 tonnes de moules. Ici, la mytiliculture est récente, fruit du transfert du savoir-faire de mytiliculteurs de Charente qui ont apporté la technique de l'élevage sur bouchots et initié l'importation du naissain depuis la côte atlantique car les moules ne se reproduisent pas dans la baie. Les sites de culture se sont déplacés en partie vers l'est (le banc des Hermelles) pour faire face à l'expansion de l'activité et diminuer la densité de l'élevage vectrice de maladies. Compte tenu de l'ampleur des marées dans la région, les distances entre la côte et les bancs de moules sont considérables. Les mytiliculteurs du Vivier-sur-Mer utilisent des engins amphibies pour se rendre sur les zones d'exploitation en s'affranchissant des horaires des marées.
Le Vivier-sur-Mer s’appelait Vivarium en 1181, Le Vivier du Hirel en 1513, puis parochia de Vivario Hireilli en 1516. Son activité a été depuis la nuit des temps celle de l’élevage de poissons. Elle a été, pendant un millénaire, le port naturel du Pays de Dol, port établi à l’embouchure unique des canaux d’écoulement du marais : le Guyoult, le Cardequin, la petite et la grande Banche.
En 1954, la commune a implanté en Baie une activité nouvelle : la mytiliculture (élevage des moules de bouchots). Elle est devenue l’activité économique principale de la Baie avec l’ostréiculture. Ce centre mytilicole est le premier centre d’élevage de moules de bouchots de Bretagne Nord et représente le quart de la production française. On compte environ 250 kilomètres de lignes de bouchots pour une soixantaine d’entreprises qui emploient 300 ouvriers. Ces emplois sont essentiellement basés sur le port du Vivier / Cherrueix.
Nous nous arrêtons enfin à l’hôtel pour un repos bien mérité .... Toutes les articulations se font sentir, espérons que le miracle nocturne se produira pour l’étape de demain qui nous conduira jusqu’à Cancale...
La vidéo résumé de l’étape est sur viméo
Logis Hôtel Le Bretagne 6 Rond-Point Rond-Point du Centre, 35960 Le Vivier-sur-Mer tel 02 99 80 82 87 lebretagne35@hotmail.fr B&B 85€ menu 25€
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